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Bien chers fidèles,
Le moment de mon départ approche. Et les circonstances suscitent des sentiments divers : colère, amertume, sidération, tristesse, angoisse…
Jésus a envoyé en 1675 saint Claude de la Colombière à Paray-le-Monial pour accompagner spirituellement Sainte Marguerite-Marie Alacocque qui avait des apparitions du Sacré-Cœur. Quand 18 mois après leur rencontre, sainte Marguerite-Marie apprend que saint Claude est envoyé à Londres, elle se plaint au Seigneur : « Vous m’enlevez mon confesseur !» Jésus va lui répondre : « Eh je suis là moi. Qui dirige ton âme ? lui ou Moi ? »
Chacun a fait l’expérience que la messe traditionnelle parle sans détour à l’âme et qu’elle l’élève avec ferveur vers Dieu. Beaucoup parmi vous l’ont découverte grâce à la présence de la Fraternité Saint-Pierre à Quimper depuis septembre 2016. C’est une immense grâce, vous en conviendrez. Et votre Foi en a été renouvelée et fortifiée, je le sais. Je ne crois pas, malgré tous les efforts que font certains – même au plus haut niveau - qu’elle sera interdite totalement. A votre niveau, il faut agir pour qu’elle soit maintenue localement : en effet, humainement, vues les circonstances générales et actuelles de l’Eglise - et du clergé local - si la messe traditionnelle vient à disparaître de Quimper, elle ne reviendra pas. Il nous restera Lisieux pour pleurer. Mais si elle y est maintenue, par une communauté unie et soudée, nous pouvons espérer de la Providence qu’à partir de ce « petit reste » elle améliorera la situation.
Beaucoup se demandent ce qu’ils vont devenir, ce qu’ils vont faire et souhaiteraient que je dise quoi faire. Il n’y a malheureusement pas de solution satisfaisante en tout point. Il parait évident que vous ne ferez pas tous le même choix, car ce que vous ferez est intimement lié à l’histoire personnelle et au cheminement spirituel de chacun. Il me semble important d’en avoir conscience, afin de ne pas croire qu’une solution personnelle est la seule qui vaille et doit s’imposer à tout le monde. Les choix différents que vous pourrez faire ne doivent pas être source de condamnation ou de division, ce serait faire le jeu du Malin.
La charité est le plus grand commandement et doit donc être regardé comme notre grand devoir. Il nous faut en toute chose garder la charité. Rien n’est plus important. Et cette charité doit s’étendre, c’est une exigence de Jésus, non seulement à nos amis mais aussi à ceux qui nous font du mal : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » Mt. 5,44-46 « Bénissez ceux qui vous maudissent. » Demandons à Dieu la grâce surnaturelle dont nous avons besoin pour accomplir ce qu’il nous demande : « Dieu tout-puissant et éternel, augmentez en nous la foi, l’espérance et la charité ; et pour que nous méritions d’obtenir ce que vous promettez, faites-nous aimer ce que vous commandez. » (Collecte). Il faut donc garder la charité en toute chose.
Il faut garder l’unité de notre communauté aussi. Cela est tout aussi capital. Ceux qui ont voulu le départ de la Fraternité Saint-Pierre se réjouiront s’ils voient que la communauté de Saint-Mathieu se disloque après mon départ, et trouveront là la justification de la suppression de la messe traditionnelle ici à Quimper. Ne leur donnez pas cette joie, car cette joie serait désordonnée.
Bien sûr, le pasteur d’une communauté a ce rôle de faire l’unité, et sans lui, comment la garder ? Il faut se rappeler que la pierre de fondement de l’unité des catholiques est le Christ Lui-même et le pape sur qui Il a fondé son Eglise. C’est par l’union de chacun de ses membres au Christ-Tête que la communauté trouve son unité. Alors, il sera fondamental de continuer à prier ensemble notre Seigneur. Et cela peut se faire à l’église, chez soi, en groupe ou même dans sa prière personnelle, ici à Quimper ou loin du Finistère. Cette dimension de la prière est primordiale. Je m’associerai le premier à cette prière et, chaque premier dimanche du mois, offrirai la messe pour vous tous et vos intentions.
L’unité, qui tient sa source dans l’union au Christ, passera aussi, parce que nous sommes des êtres de chair, par le maintien d’activités communes. Et ces activités reposent sur les trois piliers essentiels de la prière, la formation et vie fraternelle. Les liens tissés entre vous à l’occasion des différentes activités ou pique-nique doivent être entretenus et vous aideront à vous organiser pour la mise en œuvre de ces activités. Une association « Feiz ha Esperans », présidée par Joseph Belbéoc’h, a été créée pour pouvoir fédérer les bonnes idées et les bonnes volontés. La France, la Bretagne sont redevenues pays de mission, et la première mission du catholique est le Salut des âmes par la transmission des vérités de la Foi. Il faut, dans les circonstances actuelles, trouver de nouveau moyens, des solutions nouvelles. Grâce à Dieu, nous avons aujourd’hui plus de moyens, d’aides et de supports qu’il y a cinquante ans. Internet a été pour beaucoup de gens – ici même plusieurs pourraient en témoigner - le lieu de leur réflexions spirituelles et finalement le moyen de leur conversion. Il peut être aussi un bon moyen de formation : Les sites de Notre-Dame de Chrétienté ou Claves sont des trésors pour ceux qui veulent approfondir les vérités de la Foi.
Continuez aussi à vous rencontrer, notre nature humaine l’exige. Le Christ a aussi voulu l’Eglise pour que s’exerce le lien fraternel. Reprenez l’annuaire de notre communauté, il sera plus utile que jamais. Participer aux grands rendez-vous de la Tradition - le pélé Feiz e Breizh ou le pélé de Chartres, marcheurs ou anges gardiens, université d’été - qui seront sources de grâces, une oasis, pour persévérer dans la traversée du désert jusqu’à la Terre Promise.
Dieu bénira tous les efforts que le maintien de la Foi exigera de vous et jamais sa grâce ne vous manquera car il l’a promis : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
La Vierge Marie veille sur nous depuis notre consécration, le 25 mars 2019, à Notre-Dame du oui. Sa mission de protection et de soin maternel de notre communauté ne prendra pas fin au 31 août, elle m’en a donné l’assurance. Elle prendra soin de vous tous et de chacun d’entre vous. En nos cœurs, renouvelons notre consécration et notre confiance en Celle qui a toujours, dans les joies comme dans les épreuves, maintenu la Foi, l’Espérance et la Charité. Elle nous obtiendra cette augmentation des ces vertus que l’Eglise nous fait demander aujourd’hui.
Notre-Dame du Oui, priez pour nous qui avons recours à vous.
Amen.
Abbé Courtois +
